Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 357

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Vous repérez le seul escalier dont la rampe d'accès n'est pas complètement relevée et, d'un saut, vous en attrapez le bord. La rampe tombe alors dans un grand fracas. Vous craignez que le bruit n'ait attiré l'attention de tous les environs, mais en fait, le vacarme des sirènes de police, qui est maintenant tout proche, couvre tous les autres sons alentours. Vous grimpez les escaliers quatre à quatre, la peur au ventre. Soudain, un cliquetis aisément reconnaissable vous glace le sang : on ouvre une fenêtre, dans la façade sur votre gauche. Vous vous plaquez derrière un renfoncement du mur et restez le plus immobile possible. L'habitant de cet appartement, un vieil homme d'après le haut du crâne dégarni que vous apercevez d'où vous êtes, se penche pour voir ce qu'il a entendu.

- C'est rien, ma p'tite Raymonde, c'est juste le vent qui a fait tomber le bas d'ce fichu escalier, maugrée-t-il. ........ Comment ? ......... C'est la police, bibiche ! ........... J'en sais rien de qu'est-ce qu'y viennent fabriquer !

Vous croyez entendre une voix de mégère vociférer dans le fond. Le vieil homme soupire et, à regret, referme la fenêtre. L'envie de dormir de sa rombière l'a emporté sur sa curiosité, ce qui vous convient bien. Vous finissez de gravir les marches métalliques et, par une petite échelle en haut de l'escalier, vous accédez au toit de l'immeuble.

Vous regardez en bas : dans des crissements de pneus stressants, les voitures de police s'arrêtent juste devant la porte de service du Chicago Ace. Des gardiens de la paix en tenues d'assaut et pistolets aux poings en surgissent et s'engouffrent en toute hâte dans le tripot. D'après leurs éclats de voix, ils semblent à la recherche de quelqu'un. Vous entendez qu'un autre groupe de policiers a pris position de l'autre côté du bâtiment, devant l'entrée du bar. Si vous vous y étiez aventuré, vous auriez difficilement pu leur échapper. Jugeant votre situation trop à découvert, vous déguerpissez.

L'immeuble sur le toit duquel vous vous trouvez n'est séparé de l'immeuble voisin que par une étroite ruelle. Prenant votre courage à deux mains, vous vous élancez et sautez sur le toit d'en face. En retombant parfaitement sur vos pieds, vous avez l'impression que ce n'est pas la première fois que vous vous adonnez à cet exercice. Ainsi enhardi et rassuré sur vos capacités, vous n'hésitez pas à retenter votre coup d'audace en sautant sur un autre toit proche. En tournant la tête sur votre droite, vous voyez le lac, dont les eaux noires semblent s'étendre à perte de vue. Mais vous n'avez pas le temps de vous pâmer. Par votre chemin aérien, vous atteignez finalement la fin du pâté de maisons. Jugeant avoir mis suffisamment de distance avec la police, vous décidez de redescendre. Vous prenez cette fois la cage d'ascenseur. Un escalier de service rejoint l'escalier intérieur de l'immeuble. Vous le descendez le plus silencieusement possible, pour ne pas réveiller les habitants.

Arrivé en bas, vous commencez à ressentir la fatigue de votre escapade de chat de gouttière. Toutes vos forces vous quittent d'un coup et votre esprit se trouble. Votre blessure au thorax se rappelle à vous et, bien que vous n'en ayez aucun souvenir, vous sentez que vous avez eu une journée éreintante. Votre estomac qui sonne creux vous laisse penser que vous n'avez pas soupé ce soir. Difficile de tenir le coup dans ces conditions. L'adrénaline vous a permis de tenir jusqu'à maintenant, mais elle s'est tarie. Votre corps ne peut lutter plus longtemps. Votre paranoïa, qui vous hurle que vous n'êtes nulle part en sécurité, n'est pas assez forte pour réussir à vous maintenir éveillé. En sortant de l'immeuble, vous avisez le local poubelle qui en jouxte le hall d'entrée. Le recoin est sombre, à l'abri des regards et du vent, et une pile de vieux journaux pourra vous servir de couverture pour ne pas mourir de froid.

Rendez-vous au 791.