Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

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Un lundi matin d'été. Aujourd'hui, c'est arrivée de nouveaux détenus à "la Centrale", a été prévenu Titus Canaguerr, le chef des surveillants de ce pénitencier pour criminels endurcis. L'homme a le physique de l'emploi : un torse musclé, des bras capables d'étouffer un pitbull, des yeux cruels enfoncés dans un visage buriné. Cela fait vingt ans cette année qu'il exerce ce métier, et l'expérience lui a appris une chose : nouveaux prisonniers, nouveaux ennuis. Il faut les briser d'entrée pour leur faire passer l'envie de lui casser les pieds. "Tout ça, c'est de l'engeance !" a-t-il l'habitude de dire à sa femme en parlant des hommes dont il a la charge.

Le nouvel arrivage se compose de quatre spécimens de cette "engeance". Il supervise leur descente du fourgon et leur entrée. Ses collègues se chargent de les fouiller au corps et de récupérer leurs effets personnels. Les quatre laissent leurs vêtements pour les droguets réglementaires, ces vestes en étoffe grossière qui donnent aux détenus le même aspect uniforme. Il a l'œil, Titus Canaguerr. Il a repéré deux fortes têtes, qui ne lui reviennent pas, du reste. Il a lu leurs fiches : Gary Exxel, un crâne rasé au regard fuyant, arborant une moustache blonde de deux semaines, et Nicko Sanchez, un grand brun costaud.

Son préjugé s'avère vite fondé : les deux hommes s'échauffent et sont près d'en venir aux mains. Après les avoir séparés, il s'apprête à leur apprendre la vie quand une voix posée intervient. Celle de Mr Duplessy, le directeur de la prison, un quinquagénaire studieux et soigné, le crâne qui commence à se dégarnir mais les cheveux teints. Scrutant la scène derrière ses larges lunettes rondes, il demande qu'on lui amène les deux énergumènes, afin qu'il leur explique les règles de l'établissement.

- Mais, Monsieur, je peux très bien m'en occuper, proteste le chef maton. Ce sont de dangereux criminels. Est-ce prudent de rester seul avec eux dans votre bureau ? Je peux venir avec vous.

- Je préfère que vous finissiez de superviser "l'emménagement" des autres arrivants. Mais je garde Lammech avec moi, soyez rassuré.

- Bien, Mr Duplessy.

Canaguerr retourne à sa tâche, encore étonné de l'attitude de son supérieur, peu coutumier des entretiens avec les nouveaux. Exxel et Sanchez n'ont pas dû lui faire bonne impression.



(illustration dans le livre : possibilité d'indice à l'intérieur)



Duplessy referme la porte de son bureau et invite poliment les deux détenus à prendre un siège. Après s'être assuré que ni Canaguerr ni personne d'autre ne les espionnent, il se tourne vers Gary Exxel et lui lance joyeusement :

- Alors, Jacket, votre nouvelle identité vous sied-elle ?

- Je ne pensais pas me retrouver taulard un jour, souriez-vous. C'est impressionnant.

- Vous avez bien épluché la liste de mes pensionnaires ?

- Oui, aucun de ma connaissance. Mais l'un d'entre eux pourrait m'avoir aperçu dans un commissariat ou dans un prétoire. Je me suis rasé le crâne et j'ai profité de ces dernières semaines, comme je me faisais oublier, à me laisser pousser la moustache. Je n'aimerais pas qu'on me prenne pour un "mouton".

- Vous êtes méconnaissable.

Mû par votre désir de vaincre d'Armorim, vous avez décidé de vous faire admettre à la Centrale, la prison où sont enfermés les trois braqueurs qui ont utilisé le double de la clef de Verley. Vous n'avez pas trouvé moins périlleux comme enquête, et rien ne dit que ces malfrats vous aideront, mais c'est la seule piste qu'il vous reste, votre dernière chance de faire ravaler son orgueil à ce dandy qui ne voit en vous qu'un joueur de belote.

L'autre faux prisonnier, Nicko Sanchez, est un agent de Huttington devant vous aider en cas de bagarre. Vous ne connaissez pas son vrai nom. Duplessy sera le seul à connaître votre véritable identité en ces lieux. Avec le seul surveillant en qui il a une parfaite confiance : Olivier Lammech, ici présent, un blondinet de même pas trente ans, au visage franc et déterminé. Il travaille de jour, du lundi au vendredi ; il sera donc disponible la plupart du temps, mais vous devrez vous débrouiller la nuit, et devrez tâcher de boucler cette enquête avant le week-end. Il ne pourra pas vous faire sortir du mitard si vous vous y faites envoyer, histoire de ne pas éveiller les soupçons à votre encontre. Les parloirs se tiennent les mercredis et samedis. Il propose de vous mettre dans la même cellule, avec Sanchez.

Votre but n'est pas de vous éterniser dans ce lieu hautement périlleux. Votre statut de détenu doit vous permettre de plus facilement interroger les braqueurs et leur faire avouer ce qu'ils savent sur d'Armorim et le casse de la banque Hize. Comment ont-ils obtenu la clef de Verley ? À qui ont-ils remis le butin ? Le fait qu'ils se soient fait prendre, ce qui ne devait pas être dans leurs projets, vous donne un angle pour les convaincre de donner leur commanditaire, ou au moins de parler sur lui. Le Ministre vous a donné la latitude de leur proposer une remise de peine contre de quoi envoyer d'Armorim à leur place. Dès que votre enquête auprès d'eux aura porté ses fruits, vous serez exfiltré en urgence.



Les trois bandits qui vous intéressent ont un casier judiciaire bien garni. Les frères Estrada, César et Ézéquiel de leurs prénoms, sont fichés au grand banditisme pour une grande variété de motifs, avec une prédilection pour l'attaque à main armée et la violence. Ils n'ont pas été gâtés par la vie, il faut dire. Ils ont écumé les familles d'accueil dès l'âge de dix ans pour le plus jeune. César fut abusé par l'un de ses "pères" adoptifs, qu'il finit par tuer à quatorze ans. Ézéquiel, lui, est connu pour son appartenance à divers groupuscules néo-nazis. Le troisième larron, Benedict Beati, s'est surtout illustré dans des casses. Spécialité : le dynamitage.

Le quatrième de la bande était un dénommé Laszlo Nemet, qui faisait le chauffeur. Il a été retrouvé mort le soir même du braquage, dans un entrepôt. Lui était inconnu de la police avant cette nuit qui lui fut fatidique. D'après l'enquête en cours, tout porte à croire que ce sont ses complices qui l'ont tué. Pour quelle raison ? Cela aussi, vous devrez le découvrir.

Avec un tel pedigree, pas étonnant que les trois aient échoué dans le quartier de sécurité du pénitencier, interdit aux permissions. Ce qui arrange votre plan : cela vous évitera que l'un de vos voisins de cellule ne sorte en journée et ne vous reconnaisse dans un journal, par exemple.

- Même si vous êtes bien déguisé, Jacket, ou plutôt devrais-je dire Exxel maintenant, si vous êtes dans une situation de danger grave, ne faites pas le brave ! vous exhorte Duplessy. Appelez Lammech ou moi immédiatement. Mes pensionnaires sont tout sauf des enfants de chœur ! Je collectionne les plus terrifiants criminels du pays, ici. Des meurtriers en série, des mafieux, des violeurs, …

Vous savez ce qui vous attend. Les Estrada et Beati ont tout de même recouru à des balles barbelées contre les policiers venus les appréhender. Le genre de munitions qui laissent des séquelles à vie.

- Quelle sera votre technique d'approche ? s'enquiert le directeur.



Lui demandez-vous : ce que les braqueurs pratiquent comme activités afin de vous y inscrire ? (rendez-vous alors au 318)

s'ils font partie de bandes spécifiques dans le but de vous y mêler lors des promenades ? (rendez-vous au 634)

de vous installer dans la cellule de l'un d'entre eux ? (rendez-vous au 785)

Si vous préférez ne pas vous faire remarquer d'entrée, rendez-vous au 885.