Ce tome 1 des Enquêtes de Nils Jacket est basé sur un ancien livre dont vous êtes le héros que j’avais écrit étant enfant. Il s’intitulait L’Agent X et comptait 147 paragraphes. J’en ai repris vaguement l’intrigue et les personnages principaux, mais le vrai coupable n’est plus le même. Dans cette ancienne version, l’Agent X était en réalité... Hum, en fait, j’essaierai plutôt, un jour, de vous proposer cette ancienne histoire courte, en la mixant avec le texte de Nils Jacket Contre l’Agent X, pour que vous voyiez l’évolution et les différences.
Comme certains l’ont déjà deviné, dans Nils Jacket Contre l’Agent X, je rends hommage à un jeu de société d’espionnage qui a marqué mon enfance, Intrigues à Venise. Ce jeu mettait en scène 4 espions et un 5ème personnage, l’Ambassadeur. Dans cette première enquête de Nils Jacket, à un moment, le commandant Montanes compare l’affaire à une partie de jeu de société à quatre. A vous d’identifier les quatre espions du jeu et notamment le plus redoutable des quatre, l’Agent X. D’autres allusions à Intrigues à Venise sont glissées dans le texte ; saurez-vous toutes les retrouver ?
Je souhaitais que cette aventure policière ne puisse être remportée qu’avec une seule arme : l’intelligence. Le bon détective est celui qui fait les bons choix, qui prend les décisions les plus judicieuses, qui flaire les bonnes pistes, qui sait se montrer roublard dans les situations épineuses, qui sait prendre les risques nécessaires quand il le faut, et surtout qui confond le coupable à la fin grâce à sa sagacité. Je ne voulais donc pas que le hasard entrât en ligne de compte.
J’ai donc opté pour un système de règles minimales, sans lancer de dés, sans Points de Vie ni aucune valeur numérique à donner au héros.
L’autre avantage de ce système de règles simplifiées, c’est qu’il rend le livre plus abordable aux lecteurs peu habitués au côté jeu des livres dont on est le héros, les fans de romans policiers, par exemple, qui voudraient enfin devenir le détective de l’enquête qu’ils lisent. La lecture reste fluide, la plus proche possible du roman car non alourdie par trop de contraintes réglementaires.
Comme vous avez pu le voir à l’usage, ces règles n’empêchent nullement les scènes d’action et de combats.
Nils Jacket Contre l’Agent X est une enquête policière. Comme dans tout roman policier, lorsqu’on découvre le coupable à la fin, l’envie de relire le livre est moins forte qu’à la première lecture.
Partant de ce constat, et souhaitant que mon livre ait une bonne durée de vie, j’ai choisi de concevoir un mystère un minimum difficile à résoudre, avec un grand nombre de décisions possibles, de telle sorte que le lecteur ait beaucoup de choses à lire, d’émotions à vivre et de bons moments à passer, avant de décrocher le Graal : démasquer le coupable et finir l’aventure.
C’est pour cela que l’aventure compte 800 paragraphes. Elle offre bon nombre de pistes, de possibilités d’investigation et d’actions à tenter. Et, à chaque tentative (à condition de ne pas se faire tuer, bien sûr), on peut mener son enquête jusqu’à la fin et avancer le nom d’un coupable.
Evidemment, si on a loupé les bons indices, on n’a aucune chance. Mais il est alors expliqué pourquoi sa proposition n’est pas la bonne (manque de preuve, le suspect a un alibi, etc) et ainsi l’on peut deviner quelle piste creuser à sa tentative suivante. La difficulté n’est pas frustrante, car elle n’est pas le fait du hasard (pas de lancers de dés, pas de choix droite/gauche mortels, etc). Néanmoins, pour qu’aucun lecteur ne reste bloqué, j’ai incorporé une rubrique “SOS Déblocage” qui propose des conseils progressifs pour guider sur la bonne voie.
Par définition, il n’y a qu’une seule solution au mystère. L’Agent X est tel coupable. Pourtant, il n’y a pas qu’un seul chemin qui conduit à la victoire. Il y a plusieurs façons de découvrir la solution au mystère : plusieurs chemins permettent de collecter les indices nécessaires et de confondre le coupable.
Autrement dit, même si vous finissez le livre, vous pourrez y rejouer pour trouver d’autres façons de vaincre l’ennemi, et ainsi découvrir d’autres passages intéressants.
Pour écrire cette aventure, j’ai utilisé la technique des paragraphes convergents vantée par Paul Mason, un auteur que j’apprécie énormément. Comme lui je pense que c’est là la clef de voûte lorsque l’on construit un livre dont on est le héros. Elle consiste à écrire des paragraphes auxquels on a accès par plusieurs chemins et, selon l’endroit d’où l’on vient, on ne le lit pas de la même façon. Cette technique permet de mêler l’intrigue d’un scénario bien ficelé à un développement ludique ne manquant pas de challenge. Cela donne tout l’intérêt au format “roman dont vous êtes le héros”. La difficulté pour l’auteur étant que le lecteur ne doit pas se rendre compte de la convergence (en utilisant des mots-codes qui empêchent les spoilers, par exemple).
Dans la construction de Nils Jacket Contre l’Agent X, j’ai également utilisé une autre technique que j’apprécie : la trame à tiroirs, comme dans les livres de Jonathan Green (autre auteur que j’apprécie). C’est ce type de canevas qui permet de toujours atteindre la fin de l’histoire et donc de pouvoir proposer un nom de coupable.
JFM